Battlefield 1 – C’est la guerre !

TEST – En fait, cela fait un certain temps que j’attendais Battlefield 1 avec curiosité, comme ce fut le cas pour chaque épisode de la série avant ce jeu. En étant un grand passionné d’histoire, je fus le premier ravi d’apprendre que l’époque moderne avait été enfin mise de côté, au moins un temps, pour nous plonger 100 ans en arrière. Mais la question qui se pose est la suivante : la prise de risque en vaut-elle la chandelle ?

 

Après Battlefield Hardline qui n’avait pas convaincu grand monde, Electronic Arts et DICE sont partis lorgner du côté futuriste avec Star Wars Battlefront. Une expérience très arcade qui n’avait pas forcément plu aux joueurs à cause de sa trop grande accessibilité. DICE cherche donc l’expiation avec Battlefield 1, un opus qui tranche radicalement avec ses prédécesseurs en optant pour la Première Guerre Mondiale, tandis que la concurrence s’envole dans l’espace avec Call of Duty : Infinite Warfare.

Un solo court et laissant à désirer

Le solo se divise en 6 mini-campagnes, chacune vous faisant incarner un personnage distinct, sur un front différent, à une époque différente et surtout avec une narration à chaque fois inédite. Par exemple, le personnage de la campagne “Through mud and blood” est un conducteur de char, anciennement chauffeur particulier, qui nous raconte sa guerre. Peu d’éléments narratifs sont donc distillés à part les cut-scenes. A l’inverse, dans Avanti Tavoilla, la campagne en Italie, le héros raconte son histoire à sa fille. On assiste à moins de vidéos, tandis que certaines actions se retrouvent commentées par une grosse voix venue de nulle part.

Malheureusement, vous ne vous connectez á aucun de ces soldats, d’abord parce que ces missions sont tellement courtes, d’autre part, parce que les héros ne sont pas vraiment intéressants. Aussi, j’ai vraiment espéré, que je pourrais me mettre dans la peau de Lawrence d’Arabie, mais au lieu de ça, j’ai dû guider une de ses subordonnés, une femme (!) arabe commando, sans aucune personnalité non plus. C’était l’une des plus grandes déceptions pour moi.

A part ce faux pas, le réalisme de la guerre est aussi miné par le gameplay shooter traditionnelle. Les héros « modestes » de la campagne bousillent tout un tas d’ennemies sans problème, en poursuivant des objectives mondaines, comme la recherche des parts pour un tank, ou massacrer tout une armée dans un fort. Je sais, je sais : c’est toujours un jeu. Mais DICE soit aurait dû préparer un scenario du genre Hollywood plus intéressant, soit garder le réalisme de ces missions d’une façon ou d’une autre.

Bon, c’est le multijoueur déjà ?

Ce qui est encore plus médiocre, c’est les éléments gameplay, qui viennent tout droit du multijoueur. Quand tu es en train d’essayer de conquérir une montagne de l’ennemie, tu dois regarder une barre, qui est en train de charger – comme pour les capture the flag. Malheureusement ce n’est pas un cas isolé non plus : le jeu est plein des solutions comme ça. On a l’impression de jouer à un tutoriel et ça détruit vachement l’immersion.

Et pour couronner le tout, le AI est vraiment nul partout. Les soldats ennemis se comportent comme des abrutis et les mortiers tirent sur tout le monde (leurs propres soldats aussi) à Gallipoli. Me faufiler partout était vraiment une galère aussi dans cette mission, donc à la fin de ce dernier jeu solo, j’en avais marre du solo en totale de Battlefield 1.

Le level design est bien souvent catastrophique aussi. La partie « anglaise » avec le conducteur de char, en est le parfait exemple. On va de placette en placette avant de terminer à pieds selon toujours le même système : une grande avenue principale et dès que l’on arrive près d’un camp ennemi, on a un petit chemin de traverse pour y accéder discrètement, voire prendre les ennemis à revers. C’est nul, sans imagination.

Le multijoueur, ça c’est autre chose !

Aussi nul, que le mode solo soit, le multijoueur est une autre histoire ! Nous avons pu commencer par la découverte du mode opération, la grosse nouveauté de la saga Battlefield qui s’encre et s’adapte parfaitement au nouveau contexte historique. C’est d’ailleurs le mode conquête qui m’a le plus scotché et tenu en haleine.

L’objectif est simple, il s’agit classiquement de capture de points, la différence étant qu’une équipe est chargée de la défense et l’autre de l’attaque. Pour couronner le tout, la map progresse et se dévoile par étape comme dans le mode rush, sauf qu’ici, elle est généralement un peu plus grande. On sent clairement l’inspiration du mode Walker de Battlefront.

Au programme des classes de soldats, quatre vous attendent : Assaut, support, medic et sniper. On passe le fait qu’une classe sapeur aurait pu faire souffler un vrai vent nouveau sur le genre et offrir d’innombrables possibilités pour se dire que malgré tout, les développeurs ont su renouveler leurs bases. Le medic est plus medic que jamais, l’assaut s’offre des compétences anti-char, le support a un rôle majeur dans l’approvisionnement d’explosifs face aux blindés, et le sniper possède un vrai rôle de reconnaissance. Le vrai plus est surtout la disparition des facilités balistiques (munitions guidées ou à effets dévastateurs) pour s’orienter vers des affrontements où le niveau des joueurs est beaucoup plus mis en avant. Plus de bombes ou lance-roquettes.

Les réflexes, la précision et l’intelligence de jeu auront la part belle dans les conditions de victoire. Notamment en ce qui concerne l’utilisation de votre classe. Aller au corps-à-corps avec un sniper ou même tenter des tirs lointains avec un assaut sont des erreurs malheureusement souvent rencontrées lors des parties, mais qui seront immédiatement sanctionnées.

Des maps sont tous du top !

Les maps pour commencer, sont pour une fois quasiment toutes au même niveau en termes de qualité. Alors certes il y en a toujours une qui sort un peu du lot et qui brille plus que les autres (qui a dit St Quentin ?), mais globalement aucune ne donne l’impression d’avoir été moins travaillée. Chacune d’elle possède une atmosphère bien particulière, du large désert du Sinaï à la sombre forêt d’Argonne, il y a de tout, pour tout le monde.

Le level-design s’adapte parfaitement aux divers modes de jeu et on ne ressent pas un déséquilibre pour l’une ou l’autre équipe. Sauf bien sûr dans le cas de l’utilisation de “Behemoth” ou de “Dreadnought”. Il s’agit de deux supers véhicules, un zeppelin géant et un croiseur, qui permettent de renverser le cours de la bataille et qui sont justement là pour ça. Ils ne sont pas là pour handicaper mais pour aider, simplement l’équipe qui est en difficulté. Niveau équilibrage, certaines cartes sont plus sujettes au “syndrome sniper”, comme la spectaculaire Monte Grappa (map montagneuse), mais c’est aussi ça qui fait le charme de Battlefield.

Par contre, 9 cartes, c’est franchement peu. Je sais que ça devient la norme, mais il n’y a pas de raison qu’on l’accepte sans râler. 12 cartes, franchement, c’est le strict minimum. Il en manque donc 3 pour nous contenter (une dixième devrait être offerte en décembre). Du désert aux montagnes, de la forêt au village en ruines, du château à la forteresse sur une petite île, vous allez visiter Suez, Argonne, Saint-Quentin, le Sinaï, Amiens… vous allez visiter du pays. Chaque carte a ses particularités, ses véhicules, sa topographie avec laquelle il faudra impérativement composer.

Ça envoie du lourd !

Graphiquement, le jeu est superbe. Les explosions, les effets de fumée, les nombreux détails qui fourmillent dans les cartes, les véhicules impeccables… ajoutez à cela une bande-son superbe (hormis la musique de la campagne solo, stupidement larmoyante comme dans un mauvais documentaire) et vous aurez un jeu qui visuellement dépote.

Aussi, on sent le désir de retranscrite 14-18 dans l’ambiance et le look. Les uniformes, par exemple, sont extrêmement détaillés, que ce soit pour l’Empire Austro-Hongrois, l’Empire Britannique ou toute les autres nations du jeu. Tout est quasi-identique à la couture prête. Idem pour les véhicules, qui visuellement sont bluffants et proposent un rendu ultra-réaliste. Esthétiquement, la Grande Guerre est donc bien représentée. Charges héroïques, attaques au gaz, tout est là pour vous immerger dans l’horreur.

Pourtant, le jeu laisse un arrière gout de déception et à plusieurs reprises on a plus l’impression de se retrouver en plein milieu d’un champs de bataille de la Seconde Guerre Mondiale que de la Première. Notamment pour des maps très urbaines comme Amiens, qui font immédiatement penser à des films comme Il faut sauver le Soldat Ryan. Ce ressenti est aussi présent dans les armes du jeu. Le célèbre fusil à verrou (tous modèles confondus) qui représente bien 80% des armes de cette période, est relayé au rang d’arme pour la classe sniper et se fait vite oublier par les pistolets-mitrailleur et autres armes automatiques qui, bien que légitimes, ne devraient pas avoir cette place prépondérante durant cette période de l’Histoire.

A la guerre, comme à la guerre !

Au final donc, si l’on étouffe une campagne solo toujours déplorable, Battlefield 1 reste dans la lignée de ses prédécesseurs : un jeu multijoueur efficace, bien pensé, bien équilibré, et qui s’inscrit comme un indispensable du genre. J’avoue toutefois que l’absence de l’armée française aurait très largement mérité un point de moins dans la note. Je me suis retenu avec peine.

-BadSector-

 

Pro:

+ Excellent multiplayer 
+ Des graphismes a en baver
+ La nouveauté de WW1

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Contre:

– Un single vraiment bof
– On ne peut pas jouer dans la peau de Lawrence of Arabia
– L’AI est nul


Éditeur: Electronic Arts, EA Games, Sony Interactive Entertainment

Developpeur: EA DICE

Genre: First-Person, Shooter, Action

Date de sortie: 21 octobre, 2016

Battlefield 1

Jouabilité multijouer - 9.4
Jouabilité solo - 6.2
Histoire - 5.1
Graphismes/audio - 9.3
Ambiance - 8.2

7.6

BON

Au final donc, si l’on étouffe une campagne solo toujours déplorable, Battlefield 1 reste dans la lignée de ses prédécesseurs : un jeu multijoueur efficace, bien pensé, bien équilibré, et qui s’inscrit comme un indispensable du genre. J’avoue toutefois que l’absence de l’armée française aurait très largement mérité un point de moins dans la note. Je me suis retenu avec peine.

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BadSector is a seasoned journalist for more than twenty years. He communicates in English, Hungarian and French. He worked for several gaming magazines - including the Hungarian GameStar, where he worked 8 years as editor. (For our office address, email and phone number check out our impressum)